Le lundi 22 avril 2024, le procès de la secte la "Grande mutation" s'ouvrira devant le tribunal de Paris. Cinq adeptes seront jugés pour abus de faiblesse et exercice illégal de la médecine. Le gourou du mouvement étant décédé en 2018.
Les membres pensaient appartenir à un "courant de pensée". En réalité, ils étaient victimes d’une secte. Depuis 1980, la Grande mutation fondait son imaginaire sur les principes scientifiques d’un mentor, Etienne Guillé. Cet agrégé de physiologie et de biochimie, ancien chercheur au CNRS, s’était peu à peu laissé aller à un discours bien moins cartésien.
Alchimie des métaux, énergies vibratoires, mythes mayas… de fil en aiguille, le gourou avait glissé un pied dans la porte des idées ésotériques, et plongé dans le monde des dérives sectaires. Il prétendait avoir fait le tour de 22 planètes et être revenu sur Terre pour sauver une "race élue". Il est décédé en 2018 à l’âge de 81 ans.
Abus de faiblesse
Depuis mars 2015, cinq personnes sont mises en examen pour abus de faiblesse par "sujétion psychologique". Cette déclinaison pénale a été créée spécifiquement pour viser les groupes sectaires. Au moins 200 personnes ont suivi ses préceptes. Au moins 100 000 euros circulaient chaque année au sein de la secte.
Une adepte souffrant d’un cancer s’était vue conseiller de boire "de l’eau avec du charbon" et de renoncer à sa chimiothérapie. Elle est décédée en 2009. Son fils a porté plainte, parmi d’autres victimes collatérales du mouvement. Une autre membre avait été retrouvée pendue dans son garage, après avoir coupé tout contact avec ses proches à la demande des leaders de la Grande mutation.
Le pendule
Un objet très particulier était utilisé dans la plupart des rites ésotériques des membres : le pendule. Son utilisation est représentative de l’emprise dont étaient victimes les adeptes, défend l’avocate des parties civiles, maître Margaux Machart.
Auprès de nos confrères de RTL, elle s’explique : "Avec le pendule on va devoir tester sa famille, son employeur… Ce sentiment de peur a joué un rôle très important dans la soumission parce que le gourou va indiquer que si on continue à rester en contact, on risque d’attraper le cancer."
Les cinq membres, "cadres" de la Grande mutation, encourent chacun cinq ans de prison. Le procès durera jusqu’au 3 mai.